Le livre de poche - 93 pages - 1.55?
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" ...Un homme nomm? Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait ? Paris en 1831. Il avait avec lui une fille qui ?tait sa ma?tresse et un enfant de cette fille... Il ?tait capable, habile, intelligent, fort mal trait? par l'?ducation, fort bien trait? par la nature, ne sachant pas lire mais sachant penser. Un hiver, l'ouvrage manqua. L'homme, la fille et l'enfant eurent froid et faim. L'homme vola. Il en r?sulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour l'enfant et cinq ans de prison pour l'homme. Il fut envoy? faire son temps ? la Maison Centrale de Clairvaux. On va voir ce que la Soci?t? en a fait. " Relation all?gorique d'un drame individuel, cet ardent plaidoyer contre la peine de mort et contre la prison met ? nu le m?canisme de la brutalit? sociale qui ne sait r?pondre ? la d?tresse que par la r?pression. Avec Claude Gueux, Victor Hugo n'est plus simplement romancier ou po?te. Il conquiert une place ?minente aupr?s des plus grands orateurs de la Libert?.
Mon avis :?
J'ai lu ce tr?s petit livre la veille du BAC puisque entrant dans le th?me d'un cours de philosophie (la politique, l'?tat, la justice) avec le sujet de la peine de mort. Victor Hugo est ?videmment connu pour sa position anti-peine de mort et pour ses quelques livres comme Dernier jour d'un condamn? et celui-ci. Tout ?tudiant qui se respecte doit, je pense, avoir au moins lu une fois dans sa vie ces deux livres qui sont en quelque sorte l'embl?me de la bataille visant l'abolition de la peine de mort et ce quelque soit son opinion sur la question.
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Dans ce livre d'? peine 93 pages, Victor Hugo nous compte une histoire vraie – quoique quelque peu id?alis?e pour montrer des personnages extr?mement vertueux et ainsi toucher au mieux le lecteur – d'un prisonnier qui a vol? du pain et du bois pour sa famille (sujet visiblement r?current chez l'auteur, cf. Les Mis?rables avec le personnage connu de Jean Valjean) et emprisonn? pour 5 ans. Claude Gueux effectue sa peine en r?coltant l'admiration de ses camarades d?tenus, un jour Albin, un jeune homme vient lui donner la moiti? de sa propre ration de nourriture – Claude n'?tant pas suffisamment nourri avec la sienne. Ainsi va se lier une grande amiti? entre les deux hommes (qui semblent, dans la vraie vie, avoir entretenu des relations homosexuelles) jusqu'? ce que le gardien d'atelier fasse changer Albin de quartier. Claude n'aura de cesse de demander le retour de son ami aupr?s de lui mais sans succ?s ce qui le conduira apr?s d'intenses r?flexions, au pire.
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Je me suis permis de raconter l'histoire quelque peu en d?tail car je pense qu'elle est d?j? connue de tous – ou en tout cas je l'esp?re. Comme je l'ai dit plus haut, ce livre rentre parfaitement dans un de mes cours de philosophie et ce fut r?ellement passionnant de le lier avec car cela rend le cours beaucoup plus concret si je puis dire. Hugo, ici, soul?ve la question de la peine de mort, mais pas que. En effet il pose aussi les questions qui f?chent qui sont?: pourquoi l'homme a-t-il vol?? Pourquoi a-t-il tu? ? Est-ce r?ellement de sa faute ou est-ce la faute de la soci?t? qui l'a abandonn? et ne se tourne vers lui qu'apr?s qu'il ait faut?? J'ai trouv? ?a r?ellement passionnant et il est ?vident que pour Hugo la r?ponse est que la soci?t? est en cause. En effet, en ce temps-l? – et pouvons-nous r?ellement dire que ce temps est r?volu?? - l'Etat laissait se d?brouiller le peuple, l'?ducation n'?tait pas obligatoire et la majorit? ?tait illettr?e or l'Homme pour sortir de sa mis?re et gravir les ?chelons sociaux n'a-t-il pas besoin de savoir lire et ?crire au minimum?? Or, n'est-ce pas la mis?re qui le pousse au vol et pire, au meurtre?? Personnellement je suis tout ? fait d'accord avec Hugo, les Hommes ne sont pas n?cessairement bons ni mauvais de nature mais les ?v?nements de la vie les poussent ? aller d'un cot? ou de l'autre or je pense que c'est le r?le, en partie, de l'Etat de les pousser ? aller vers le meilleur cot?.
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Ayant dit cela revenons en ? mon ressenti pur, j'avais entendu beaucoup de bien de ce petit livre, r?quisitoire contre la peine de mort, comme quoi il est bouleversant, passionnant et qu'il soul?ve les vraies questions importantes qu'il faut se poser. Je suis d'accord pour le passionnant et sur le fait qu'il soul?ve les questions importantes comme je l'ai mis plus haut dans mon troisi?me paragraphe. Cependant je n'ai pas ?t? boulevers?e au sens litt?ral du terme par ce qu'il arrive ? Claude, j'ai ?t? touch? par les questions pos?es mais pas par l'histoire de l'homme en particulier ce qui m'a, je l'avoue, un peu d??ue.
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Concernant les personnages, j'ai ?t? ravie d'apprendre que la trame principale ?tait une histoire vraie et que donc, les personnages ont r?ellement exist?. N?anmoins, et bien que cela soit mentionn? ? plusieurs reprises dans les notes, le fait que les personnages aient ?t? id?alis?s, rendus exemplaires pour servir la cause de l'auteur, j'ai ?t? agac? de les voir presque parfais avec comme seules fautes?: avoir vol?. J'aurais pr?f?r? suivre les vraies personnes avec leurs ??vraies?? personnalit?s sans id?alisations excessives. Claude ne m'a pas touch? ni Albin, je les ai suivis tout au long de l'histoire en restant presque froide, distante. J'ai tout de m?me ?t? ?bahie par la force de caract?re de Claude et par la m?chante stupidit? du gardien d'atelier je vous rassure. Cependant ce qui m'a le plus touch? c'est l'extrait de la pr?face d'Hugo pour le Dernier jour d'un condamn? que j'ai dans ma version de Claude Gueux ? la fin. Il prend des exemples si monstrueux qu'on ne peut que se poser des questions sur cette peine de mort et par extension sur notre soci?t? et notre syst?me de justice (oui, oui, m?me aujourd'hui o? la peine de mort est abolie, la prison reste un endroit tr?s dur o?, au lieu de peiner les prisonniers en les faisant ressentir l'horreur de leurs actes et leurs remords, attise la vengeance et augmente le d?sir de r?cidiv? mais ne g?n?ralisons pas ?videment?!).
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L'?criture d'Hugo est tr?s simple ? lire et cela sert sa cause puisque tout le monde peut comprendre tr?s facilement ce qu'il veut dire. J'ai retenu plusieurs citations qui m'ont vraiment frapp? par leur justesse et par leur violence envers notre soci?t? et je vais vous les donn?s ci-dessous. En outre, dans l'?dition que j'ai, il y a des illustrations vraiment magnifiques par leur noirceur et leur justesse si bien coordonn?e au r?cit.
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??L'?il d'un homme est une fen?tre par laquelle on voit les pens?es qui vont et viennent dans sa t?te?? (p42)
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??Cette t?te de l'homme du peuple, cultivez-la, d?frichez-la, arrosez-la, f?condez-la, ?clairez-la, moralisez-la, utilisez-la?; vous n'aurez plus ? la couper?? (p85)